L’antenne International Security and Defense a sélectionné pour vous les informations importantes de la semaine du 25 janvier. L’article a été rédigé par Emma Josso.
Lutte contre cybercriminalité : démantèlement du logiciel Emotet par une opération internationale
Ce mercredi 27 janvier, l’agence Europol a annoncé avoir démantelé le réseau Emotet, défini comme l’un des logiciels malveillants les plus dangereux au monde. Créé en 2014, ce dernier débute ses actions cybercriminelles par la capture d’identifiants bancaires avant de se lancer dans le commerce de machines infectées. Le logiciel crée un réseau d’ordinateurs infectés grâce à une capacité de propagation très rapide dans des entreprises ou institutions par exemple, puis les revend à d’autres cybercriminels qui orchestrent des cyberattaques par rançongiciel (demande de rançon en échange du retour du contrôle et des données d’un réseau paralysé).
Emotet est à l’origine de nombreuses cyberattaques et est parvenu, en six ans, à infecter des centaines de millions d’ordinateurs à travers le monde. En septembre 2020, la France a été une de ses victimes lorsque plusieurs ministères régaliens, plusieurs juridictions comme le tribunal judiciaire de Paris ou encore des cabinets d’avocats avaient été visés par une campagne Emotet.
L’opération internationale qui est parvenue à prendre contrôle du réseau a été menée par la France, le Royaume-Uni, les États-Unis, l’Allemagne, la Lituanie, l’Ukraine, le Canada et les Pays-Bas. Elle a nécessité une préparation importante afin de mener une action coordonnée entre ces pays. Ainsi, de façon simultanée, les autorités de ces derniers ont physiquement saisi les serveurs Emotet présents sur leur territoire respectif.
Il n’y a pas encore d’informations sur les personnes qui se trouvent derrière ce vaste réseau cybercriminel. C’est aussi une opération dont l’efficacité peut être questionnée car les cybercriminels trouveront toujours d’autres moyens d’agir. Enfin, l’action comporte un aspect symbolique : elle transmet un message sur la capacité des autorités à faire tomber les acteurs majeurs de la cybercriminalité et à développer leurs compétences et la coopération internationale dans ce domaine.
L’agence Frontex, mise sous pression, annonce l’arrêt de ses actions en Hongrie
Frontex traverse actuellement une période de pression et de fragilisation importantes. Cette agence européenne, créée en 2004 et faisant office de garde-frontières et de garde-côtes, est mise en cause pour le traitement problématique des migrants à la frontière hongroise. L’Union de lutte antifraude de l’Union européenne et la Commission de Bruxelles sont en train d’étudier son implication. Le principal mis en cause est le directeur de l’agence, Fabrice Leggeri.
Frontex est accusée de participer aux pratiques illégales de renvoi des migrants exercées par la police hongroise, et notamment à celle du Pushback. Cette dernière est pratiquée de façon systématique depuis l’arrivée du premier ministre ultranationaliste Viktor Oban. En effet, depuis une loi de 2016, la Hongrie se réserve le droit de renvoyer immédiatement tout migrant qui arrive sur son sol sans lui laisser la possibilité de demander l’asile et sans autres formes de procès, et dans des conditions parfois douteuses en termes de droits humains. La Hongrie n’est pas le seul pays de l’UE a exercé cette pratique mais l’assume clairement. Le problème est que Frontex est présente à cette frontière depuis 2015 et est donc accusée d’y avoir participé. Ainsi, ce mercredi 27 janvier, elle a annoncé qu’elle suspendait ses opérations en Hongrie, une première dans l’histoire de cette institution et le signe d’un échec important.
C’est toute la politique migratoire de l’Europe qui est par là fragilisée et dénoncée car ce jeudi 28 janvier, l’agence des Nations Unies pour les réfugiés parlait d’un droit d’asile «menacé» en Europe et disait recevoir de «nombreux rapports» sur les violences exercées aux frontières de l’UE. Frontex, l’agence au cœur du dispositif européen dans sa politique migratoire, est donc particulièrement visée.
Signature de la livraison de 12 Rafale à l’armée de l’Air et de l’Espace par Dassault
Ce vendredi 29 janvier, la ministre des Armées, Florence Parly, a signé un nouveau contrat avec l’entreprise Dassault Aviation pour la livraison de 12 avions Rafale F3R d’ici 2025. Ces avions sont destinés à remplacer ceux qui seront envoyés à la Grèce. En effet, ce pays avait commandé 18 Rafale du même type, dont 12 d’occasion qui seront prélevés de la flotte de l’armée de l’Air et de l’Espace et 6 neufs. 6 avions lui seront livrés l’été prochain, puis 6 autres en avril 2023, auxquels s’ajoutent 6 avions neufs.
La ministre a justifié cette commande par le souhait de «maintenir les capacités de l’armée de l’Air et de l’Espace au meilleur niveau». Ainsi, d’ici 2025, l’armée de l’Air et de l’Espace disposera de 129 Rafale dont un grande part de neufs, car cette commande complète celle des 28 avions inclus dans la loi de programmation militaire 2019-25 dont la production commencera fin 2022.
D’un côté, la vente de Rafale à la Grèce est très bénéfique pour les entreprises et les travailleurs de ce domaine : l’assemblage d’un Rafale équivaut à 7000 emplois chaque mois dans les 500 PME impliquées dans ce programme. D’un autre côté, la vente des Rafale d’occasion permet aussi à l’armée de l’Air et de l’Espace de renouveler sa flotte, car les 400 millions d’euros qu’elle rapportera devrait permettre d’acheter en partie les neufs.
Bagdad annonce la mort du chef irakien de Daesh
Ce jeudi 28 janvier, le premier ministre irakien, Moustafa al-Kazimi, a annoncé avoir tué le chef irakien de l’État Islamique, Abou Yasser al-Issaoui. Cette action a été réalisée en représailles à un attentat ayant profondément marqué l’opinion publique irakienne, celui qui a touché le marché de Bagdad la semaine dernière. Le premier ministre s’est félicité dans un tweet: « Je l’avais promis et j’ai tenu parole: notre réponse à l’EI a été un coup de tonnerre. »
L’homme était, selon les observateurs, un haut placé de l’organisation qui était parvenue à s’agrandir jusqu’à s’imposer sur un tiers du territoire irakien. De ce groupe, il ne reste que des cellules clandestines à la suite de sa défaite militaire. Les frappes ont été menées par la coalition anti-EI à laquelle participent les États-Unis.