Conférence ICAN – HEIP (Jeudi 7 décembre 2017)

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/!\ L’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et l’association étudiante Sorbonne pour les Nations Unies n’engagent  aucunement leur responsabilité dans les propos tenus dans l’article ci-dessous.

 

Le 7 décembre dernier s’est tenue à l’HEIP, dans le XVème arrondissement de Paris, une conférence donnée par ICAN (International Campaign for the Abolition of Nuclear weapons). Celle-ci visait à expliquer à un public large les clefs de compréhension du chemin du collectif d’associations, lauréat du Prix Nobel pour la Paix en 2017.

Les intervenants rappellent tout d’abord que le 7 juillet dernier, 122 pays ont adopté la Convention d’Interdiction des Armes Nucléaires et que l’organisme a vocation à continuer son combat jusqu’à sa réussite totale. Ils soulignent le geste fort de l’académie suédoise : il s’agit en effet non pas de la question de la prolifération, mais du désarmement, qui n’a été que très peu traitée jusque-là. Cela est d’autant plus vrai qu’aucune des puissances nucléaires ni membre de l’OTAN n’a signé ni ratifié la convention.

Mme Isadora Zubek : Cette membre d’ICAN était présente en juin lors des négociations pour le traité à l’ONU et sera à Oslo pour la remise du prix. Elle fait ici office de modératrice des débats.

ICAN est une coalition de plus de 400 associations dans plus d’une centaine de pays.  Il s’agit de faire le bilan de son action, à l’occasion de son dixième anniversaire.

Elle se concentre sur un travail de sensibilisation aux conséquences humanitaires de ce type d’armement.  Il s’agit d’opérer un changement des perceptions et représentations de ces armes conçues comme des armes de prestige ; de là la nécessité d’un recadrage du discours vers la dimension humanitaire.

Elle dégage trois arguments en faveur de la dissuasion nucléaire :

1) Historique : Aucune guerre n’a éclaté depuis que les puissances nucléaires possèdent l’arme. Mais rien ne prouve que c’est à cause de l’arme et que cela ne va pas se produire dans le futur.

Limite : 1961, Kennedy décide le débarquement dans baie de Cuba; en découle quasiment une guerre alors que l’URSS avait l’arme nucléaire.

2) Il existe déjà le Traité de Non-Prolifération de 68. Seuls les membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU avaient l’arme ; mais le Pakistan, l’Inde et la Corée du Nord l’ont également ; Israël officieusement.

En outre, depuis 1995, 2889 cas d’armes/technologies nucléaires volées ou perdues sont recensés, accroissant d’autant le risque.

3) La disparition des armes nucléaires ne se décrète pas. En effet, la Corée du Nord obéirait-elle ?

 

Tim Wright, président d’ICAN Asie Pacifique note que ces armes sont inacceptables, de là la nécessité d’une déclaration. Cette méthode a fait ses preuves pour les armes biologiques et chimiques. Seuls 4 Etats n’ont pas signé la convention d’interdiction (Soudan du Sud, Israël, Corée du Nord…)

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Daniel Högsta : coordinateur d’ICAN  l’international.

Il est coordinateur du réseau ICAN, c’est-à-dire chargé de coordonner les actions de revendications (« advocacy ») et de lobbying à l’attention des gouvernements. Avec 470 organisations partenaires, la tâche est de taille . Certains de ces partenaires se concentrent uniquement sur la question des armes nucléaires, tandis que d’autres ont un éventail de domaines d’action plus larges. C’est ainsi que le réseau ICAN peut se targuer d’expertises riches et diverses.
Ce qui les unit, c’est la volonté de se concentrer sur le pouvoir d’un nouveau traité sur l’interdiction du nucléaire. Il faut montrer l’impact humanitaire du nucléaire, ce qu’il fait aux gens. Si les nations dotées de l’arme nucléaire ne montrent pas la volonté d’ouvrir la voie à son interdiction, d’autres Etats devront éclairer le chemin. La majorité des décisions relatives à la gestion de l’arme nucléaire ayant été émises, formalisées et mises en place par les pays dotés de l’arme nucléaire, ils ont dès lors joui de la possibilité de modeler le discours officiel et la représentation des armes nucléaires jusqu’alors
La théorie de la dissuasion repose sur la vérité peu enviable que les gouvernements peuvent à tout moment décider le massacre de milliers de citoyens. Le problème des armes nucléaires vient de ce qu’elles sont conçues comme des armes quasi mystiques, empêchant de les analyser comme ce qu’elles sont, c’est-à-dire des armes.

Le traité d’interdiction a été signé par une majorité claire d’Etats-membres des Nations Unies. Pour la première fois, des Etats se sont accordés sur une manière de rendre les armes nucléaires illégales, à la manière dont ont été rendues illégales les armes biologiques ou chimiques. Si certains déclarent qu’il ne s’agit que d’une étape symbolique, l’opposition forte des puissances nucléaires au projet semble indiquer le contraire. Ainsi, les diplomates de ces pays auraient exercé une pression sur les nations africaines afin que celles-ci ne rejoignent pas les négociations. Cependant, cette action s’est majoritairement soldée par un échec. L’objectif de ce traité est en fait de rendre plus difficile la justification de la possession de cette arme. Il s’agit d’un processus sur le long terme, comme le combat des Civil Rights.

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  1. Jean-Marie Collin est membre de la branche française d’ICAN France, vice-président d’IDN (Initiative pour le Désarmement Nucléaire). Il est spécialisé dans les questions de nucléaire militaire.

Un Prix Nobel qui résonne comme un avertissement au monde

Aujourd’hui, on compte environ 15.500 armes nucléaires dans le monde ; 4000 sont en alerte, c’est-à-dire qu’elles peuvent être envoyées à tout moment. Le risque est constant.

Il y a une constellation de traités, multilatéraux, bilatéraux, de résolutions de l’ONU, de la Croix Rouge, de l’ESCE, de l’Union interparlementaire, qui sont stigmatisantes et ont une forte dimension morale. De fait, la question du désarmement et de la dissuasion sur la table depuis 1945. Il convient de souligner la dangerosité extrême de cette arme et l’impact sur les populations. Les Américains ont d’ailleurs envoyé des médecins au Japon pour en étudier les effets sur les populations. Les observations faites conduisent à établir que les femmes sont encore plus touchées.

Trois grandes conférences humanitaires ont été tenues à Nayarit, Oslo et Vienne pour expliquer aux gouvernements les conséquences terribles, l’impact sur la santé qui peuvent durer des décennies, mais aussi pour expliquer qu’il n’y a aucun moyen d’aller aider ces personnes puisque les personnes envoyées sur place seraient également affectées.

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S’en est suivie une session de questions et réponses entre le public et les intervenants.

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