Ce traité, signé le 4 mars 1947, réunit Georges Bidault pour la France (ministre des Affaires étrangères) et Ernest Bevin pour le Royaume-Uni (secrétaire d’Etat britannique pour les Affaires étrangères), signant à Dunkerque un pacte d’assistance mutuelle – là-même où un corps expéditionnaire britannique avait dû réembarquer face à la poussée allemande. Ce traité constitue le premier traité d’alliance entre le Royaume-Uni et la France. Il parachève d’une certaine façon l’Entente cordiale de 1914. Ce traité est négocié en trois mois au cours de l’hiver 1947, et est l’aboutissement d’un lent processus qui a débuté pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Les objectifs de ce traité reflètent de prime abord le souci de se protéger contre une possible agression allemande, notamment du fait de la crainte de la réunification allemande sous l’égide de l’URSS, et reflètent la volonté de resserrer les relations économiques entre ces puissances européennes. En cela, le traité de Dunkerque réactive bien les souvenirs de l’Entente cordiale franco-britannique de 1914, puisqu’il s’agit en premier lieu de contrer le risque d’une résurgence de l’expansionnisme allemand.
Ce traité est d’ailleurs à l’origine du Pacte de Bruxelles de 1948, lui-même donne naissance au Pacte Atlantique de 1949 qui crée l’OTAN. Le danger soviétique se cristallise en effet rapidement à cette période, et les deux pays seront poussés à s’orienter vers une alliance plus large, sous tutelle des Etats-Unis. Dès sa création, le traité aurait donc plutôt été conçu pour faire face à une menace soviétique – la menace allemande n’étant initialement invoquée que pour faciliter l’adoption du traité en France et au Royaume-Uni, au moment où le parti communiste jouissait d’une position forte sur la scène politique française.
Bibliographie:
- Yann Lamézec, Le traité franco-britannique de Dunkerque, Presses Université Paris-Sorbonne 2007
- Article « Les origines et la portée du traité de Dunkerque vers une nouvelle « entente cordiale » ? », Elisabeth du Réau, Matériaux pour l’histoire de notre temps, 1990 Volume 18 Numéro 1