En 2014, des documents relatifs à « Gerboise Bleue », le premier essai nucléaire de la France, sont déclassifiés, levant au moins partiellement le voile sur les tenants et les aboutissants de la décision de l’exécutif français de mener cette opération.
Contexte historique
Les années 1960 voient les différents gouvernements des puissances de l’après-Seconde Guerre mondiale repenser les équilibres stratégiques qui les liaient auparavant. En effet, après que le projet d’une Communauté Européenne de Défense (CED), qui aurait consisté en un organe supranational de coopération militaire sous l’égide du commandant-en-chef de l’OTAN, a été sacrifié sur l’autel de la conjoncture politique française défavorable, en étant soumise à une Assemblée Nationale qui ne pouvait que le mettre en échec, l’Europe n’est plus une donnée sur laquelle peut s’appuyer la stratégie française de sécurité.
En outre, le Royaume-Uni s’est doté en 1952 d’un arsenal nucléaire, avec l’aide des Etats-Unis, après que l’essai nucléaire soviétique du 29 août 1949 a prouvé la capacité de l’URSS à rivaliser avec les avancées technologiques américaines. En parallèle, Moscou a développé un programme balistique qui lui permet, dès les années 1950, de frapper le territoire des Etats-Unis directement. Cela a dès lors miné la crédibilité de la dissuasion élargie aux alliés européens que pratiquait jusqu’alors Washington. Par dissuasion élargie, on entend le fait qu’une puissance nucléaire utilisera son arsenal nucléaire en représailles d’une attaque sur un de ses alliés.
C’est dans ce contexte que le général De Gaulle décide de lancer le programme nucléaire français, afin que le pays dispose d’une possibilité de dissuasion indépendante, et ne soit pas dans l’obligation de reposer sur son allié transatlantique. Il s’agit dans le même temps d’affirmer par de tels projets le statut de la France comme nation prestigieuse, en tant que sa crédibilité avait été mise à mal après la défaite subie lors de la Seconde Guerre mondiale. Il s’agit donc d’un double objectif, en termes de capital militaire et de capital symbolique.
L’opération
Une équipe de chercheurs brillants, parmi lesquels Frédéric Joliot-Curie, se concentre pendant une dizaine d’années sur la conception de ladite bombe atomique, tandis que les militaires ne seront inclus dans le projet qu’en dernière instance.
Une fois la date de l’essai fixée et le lieu, Reggane, une commune d’Algérie située au nord-est du désert du Tanezrouft, établi, une petite équipe de journalistes sélectionnés expressément pour l’occasion sont invités à assister à l’essai nucléaire afin d’assurer la couverture médiatique de cet événement, destiné à octroyer à la France le statut de puissance nucléaire. Le lieu avait été choisi en accord avec le FLN.
Perchée sur une tour métallique, la bombe a une puissance de 70 kilotonnes, c’est-à-dire quatre fois la puissance de la bombe qui a touché Hiroshima en 1945.
Or, les retombées durent treize jours, excédant la durée souhaitée. A ce jour, des associations de malades qui attribuent leur mal à l’irradiation causée par cet essai nucléaire sont constituées en Algérie comme en France et il semble que la controverse liée à cette opération ne puisse connaître une fin prochaine.
Bibliographie
https://fr.wikipedia.org/wiki/Gerboise_bleue